1er Octobre 2014
Transition énergétique
Début à l’Assemblée Nationale des débats sur le projet de loi sur la transition énergétique. Ce texte, annoncé par la ministre comme fondamental, se révèle bien décevant au-delà de la mise en avant de quelques objectifs en face desquels les moyens manquent cruellement.
C’est que la notion même de transition énergétique est ambiguë. Chacun peut y mettre son grain de sel pour lutter contre le réchauffement climatique, contre l’épuisement des ressources fossiles, contre l’énergie nucléaire ou même pour assurer la relance économique. En France le débat est plus complexe, plus doctrinaire aussi, bien au-delà des clivages droite-gauche. La France a fait en effet à la fin des années soixante un choix unique au monde, celui du « tout nucléaire » (ou presque…), choix qui a été mis en œuvre pendant plusieurs décennies dans la continuité de l’action publique : 75 % de l’électricité française est d’origine nucléaire et c’est là l’un des seuls avantages comparatifs d’une économie française qui a bien pâle figure. La France est d’ailleurs – grâce à ce choix – l’un des pays les plus exemplaires en termes d’émission de CO2. Il y a bien une spécificité française qui mérite mieux qu’un alignement aveugle sur la doxa écologique matinée de bureaucratie bruxelloise. Les bonnes intentions ne suffisent pas.
2 Octobre 2014
Budget
En temps normal, l’exercice du budget est difficile tant en réalité les marges de manœuvre, les possibilités d’inflexion réelle sont limitées : on ne joue en fait que sur quelques pourcents tant les grandes masses (salaires, dette …) demeurent rigides. Contrairement à ce que pensent les politiques, ce n’est pas avec un budget que l’on peut vraiment orienter l’économie d’un pays, ni surtout changer de direction.
Malgré tout l’exercice 2015 était particulièrement complexe : presque pas de croissance, un déficit déjà considérable, une dette supportable seulement grâce à la faiblesse des taux d’intérêt et puis l’obligation de rigueur contestée par toute une frange de la majorité gouvernementale criant à l’abus d’austérité. Soyons honnêtes, cet impossible exercice de funambulisme budgétaire est complétement raté : des économies imprécises et souvent mal ciblées parce que trop improvisées (famille), des cadeaux fiscaux absurdes par leur excessive démagogie et puis surtout des promesses d’équilibre ou de retour à de moindres déficits (le Graal des 3 %) repoussées à 2017 ou 2018 sans convaincre personne. Rarement un budget aura eu aussi peu de colonne vertébrale, à l’image au fond d’une France qui doute, qui se replie sur elle-même, sur ses rêves et ses illusions dans la paralysie de ses institutions. La France est bien le maillon faible de l’Europe.
4 Octobre 2014
Politique française
Il est bien difficile d’échapper dans les dîners en ville aux discussions politiques autour des candidats de droite à la présidence de l’UMP mais en fait – déjà – aux présidentielles de 2017.
Le plus frappant est au fond l’absence de renouvellement du personnel politique. Les vagues de « jeunes » semblent se fracasser sur un conformisme électoral qui permet aux carrières politiques de s’étaler presque à l’infini.
Dans le monde anglo-saxon, il est une règle quasi-immuable : un homme politique qui a emmené son parti à la défaite se retire et quitte la vie publique. Au Royaume Uni, il rentre souvent à la chambre des Lords, aux Etats-Unis il s’investit dans le caritatif. Parfois à l’image de Tony Blair, ou en Allemagne de Gerhard Schröder, il fait des affaires. Mais en tout état de cause, il laisse la place et ne parle plus jamais de retour (aux Etats-Unis, le cas de Richard Nixon fut exceptionnel). Rien de tout cela en France où, au contraire, la décision de Lionel Jospin d’abandonner la vie politique au soir de sa défaite de 2002 fût largement incomprise.
La droite propose donc à ses électeurs un ancien président et deux anciens premiers ministres et quelles que soient leurs qualités, on peut quand même douter de leur capacité à faire demain ce qu’ils n’ont pas fait hier …
5 Octobre 2014
Manifestation
Manifestation à Paris. La « Manif pour tous » appelait dans la rue contre la PMA et la GPA. Dans le contexte politique du moment et sur fond de morosité budgétaire et fiscale touchant notamment les familles, on pouvait craindre des débordements attisés par les extrêmes. Rien de tout cela et au contraire même, j’ai trouvé cette manifestation beaucoup plus sereine et apolitique que les précédentes (pas de slogans conte le gouvernement en tant que tel ni n’attaques intuitu personae visant tel ou tel ministre).
Il y avait des familles mais surtout beaucoup de jeunes dans une ambiance bon-enfant faite de convictions partagées sans exclusion. Bien sûr quelques politiques étaient là mais on ne peut vraiment parler de récupération.
Le gouvernement a déjà en partie répondu aux manifestants par la bouche de Manuel Valls en ce qui concerne la GPA en France. Mais la question de la GPA à l’étranger et de la PMA pour les couples homosexuels demeure entière dans un contexte juridique européen peu favorable.
Au-delà on ne peut qu’être frappé de cette contradiction française : un pays de forte démographie mais où la moitié des naissances ont lieu hors mariage et qui pourtant peut réunir autant de manifestants (de 100 000 à 500 000) à battre le pavé pour célébrer la famille !