2 Mars
Malte
Au cœur de la zone euro, l’économie de Malte est l’une des plus solides tant en termes de croissance que de déficits publics. Les deux îles (Malte et Gozo) ont gardé de tous ceux qui les ont occupées des qualités assez remarquables : le sens commercial et la langue des premières populations arabes, le patrimoine architectural des Chevaliers, le système politique (le bipartisme) et la souplesse fiscale des britanniques ainsi que la maîtrise de l’anglais (les français – là aussi – en deux années d’occupation n’y ont laissé que de mauvais souvenirs…). Malte a évité le destin de Chypre devenue une colonie pour oligarques russes et un centre financier bien peu ragoutant. Bien sûr, on y a bétonné de manière quelque peu aveugle et la côte Nord de Malte n’a rien à envier aux pires endroits de la Costa Brava. Mais Malte a conservé des activités industrielles (et notamment les célèbres Playmobil de nos enfants), financières, est devenue un « hub » pour les porte – conteneurs de la CMA – GGM. Deux remarques cependant : d’une part la place importante des financements européens dans les travaux d’infrastructure et de réhabilitation en cours : de 60 % à 80 % qu’il s’agisse de routes ou de restauration de monuments. L’Europe a du bon ! Mais l’Europe attire aussi et Malte compte sur son territoire des camps de réfugiés qui faisaient ces jours-ci la une de la presse locale à la suite d’émeutes d’immigrés protestant contre leur insalubrité. Il y eut longtemps à Malte, au temps des chevaliers, un marché aux esclaves « barbaresques ». Les mots ont changé, mais la réalité à peine …
3 Mars
Café
Flambée des prix du café. En à peine trois semaines, le prix de l’Arabica à New York a connu la hausse presque la plus violente de son histoire, approchant maintenant le niveau des $ 2 la livre alors que l’on était en dessous de 120 cents au début Février. Ce brusque retournement a surpris tous les analystes souvent trop jeunes pour se souvenir des gelées historiques qui avaient touché le Brésil en 1975.
Cette fois ci c’est encore le Brésil, qui est toujours le premier producteur mondial, mais ce n’est plus une gelée (qui intervient durant l’hiver austral en Juillet) mais la sécheresse qui a affecté les grandes régions de production du Brésil. Le café n’est d’ailleurs pas la seule production touchée : le sucre est aussi concerné et la baisse des prix qui avait été dominante en 2013 a été brutalement enrayée.
Mais ce qui est frappant en ce qui concerne le café c’est l’extrême nervosité du marché qui sortait à peine (en 2012) d’une période de fortes tensions. La demande mondiale de café continue à augmenter, comme celle de cacao, avec la diffusion des modes de consommation occidentaux.
Rassurons nous cependant, cette hausse des prix du café vert n’aura aucun impact ni sur le prix du « petit noir » au zinc du matin, ni surtout sur la capsule de nos machines à expresso : le café coûte en effet moins cher que l’emballage sans compter le sourire de George Clooney !
5 Mars
Ukraine
Vladimir Poutine envahit la Crimée. Les pays occidentaux s’indignent … et ne font rien, leur front déjà divisé entre les faucons (Etats-Unis, France dans une moindre mesure) et les colombes craintives (certains PECO et puis surtout l’Allemagne). Sur la question des sanctions à mettre en œuvre vis-à-vis de la Russie, la cacophonie est totale.
Ceci rappelle cruellement une autre invasion, intervenue le jour de Noël 1979. Leonid Brejnev avait envahi l’Afghanistan. La principale sanction des Etats-Unis, dirigés par Jimmy Carter, avait été d’imposer un embargo sur les exportations de céréales à destination de l’URSS le 4 Janvier 1980. A l’époque l’URSS était le premier importateur mondial de céréales et achetait plus de 50 millions de tonnes, le quart du marché mondial, principalement aux Etats-Unis. Les autres exportateurs de céréales étaient des pays occidentaux (Canada, Australie, Europe) proches des Etats-Unis et l’Argentine gouvernée par des généraux à priori anti-communistes. La sanction avait donc un sens. Pourtant l’appel américain à soutenir l’embargo ne fut pas entendu et chacun au contraire s’empressa d’aller faire la queue à Moscou pour prendre la place des Etats-Unis : l’Argentine qui n’appréciait pas les remarques de Jimmy Carter sur les droits de l’homme, la France mais aussi l’Australie et le Canada. L’embargo n’eut aucun impact et un an plus tard Ronald Reagan, qui avait succédé à Jimmy Carter, le leva. Les soviétiques restèrent en Afghanistan et les Etats-Unis y armèrent Ben Laden et les Talibans.
Souhaitons que la Crimée ne soit pas un autre Afghanistan !
10 Mars
Ukraine, gaz naturel
Les tensions en Ukraine et désormais en Crimée se propagent sur les marchés des matières premières. On parle un peu de céréales mais surtout beaucoup de gaz. Les « guerres du gaz » entre l’Ukraine et la Russie ne sont pas nouvelles et l’Ukraine a encore une ardoise impayée de quelques milliards de dollars auprès de Gazprom. Mais si le gaz russe est important pour l’Ukraine, il l’est encore plus pour l’Europe et notamment pour les pays de l’Est. 30 % de la consommation européenne de gaz provient de Russie (presque la totalité pour des pays comme la Hongrie, la Slovaquie ou la République Tchèque, 24 % pour l’Allemagne, 6 % pour la France) et plus de la moitié de ce gaz transite par l’Ukraine. Bien sûr pour la Russie l’arme du gaz est à double tranchant et Gazprom risque de perdre l’image qu’il a cherché à reconstruire au lendemain des précédentes guerres du gaz : celle d’un fournisseur solide sur lequel on peut compter.
Mais il y a en 2014 un fait nouveau : la révolution du gaz de schiste aux Etats-Unis et le fait que du gaz américain pourrait remplacer les fournitures russes en Europe. Pour l’instant nous n’en sommes pas là et les Etats-Unis commencent à peine à se doter de capacités d’exportation de GNL. Mais en 2015 ou 2016, ce pourrait être une réalité jouant à la marge certes mais modifiant quand même la si sensible géopolitique du gaz en Europe. Dont acte !
11 Mars
Bananes
Fusion dans la banane ! Pour un milliard de dollars, l’américain Chiquita achète l’irlandais Fyffes. Derrière ces noms – et cette marque – il y a des entreprises légendaires qui furent longtemps des symboles du colonialisme bananier ! Chiquita est le résultat du rachat de United Fruit par United Brands. United Fruit fut longtemps le principal opérateur américain de la banane dominant de toute sa puissance les républiques bananières d’Amérique Centrale si bien décrites par Miguel Angel Asturias dans ‘Monsieur le Président ». United Fruit fut impliquée dans un coup d’état au Guatemala en 1954 et, dans l’affaire de la Baie des Cochons à Cuba en 1961. A l’époque il contrôlait d’ailleurs Fyffes une entreprise anglaise fondée à la fin du XIXe siècle pour exporter des bananes de Jamaïque. Fyffes avait été revendu à des irlandais en 1986.
Les deux entreprises possèdent encore des plantations mais surtout gèrent la chaine logistique (transport, murisseries) jusque dans le cabas du consommateur. Le nouveau géant dépassera ses deux concurrents, Dole et Del Monte et représentera au moins un tiers du marché mondial.
Le temps des républiques bananières est révolu mais la banane a été ces dernières années une des « causes célèbres » de la diplomatie commerciale internationale opposant l’Europe aux producteurs de la « zone dollar » appuyés et financées par les compagnies bananières au nom de la liberté du commerce !
12 Mars
Chine
A nouveau la Chine inquiète et les deux « thermomètres » les plus sensibles à la température chinoise, le minerai de fer et le cuivre réagissent. Lundi le minerai de fer a perdu 8 % en une seule séance et se rapproche du niveau des $ 100 la tonne (cf Chine) alors qu’on était à $ 130 à l’automne. Quant au cuivre il est tombé à $ 6500 la tonne et a perdu $ 800 en moins, de deux semaines. Que s’est-il donc passé en Chine ? D’une part il est clair que des stocks de minerais et métaux s’y sont accumulés alors que les marchés mondiaux sont excédentaires. Et puis il y a eu le défaut de Chaori Solar, une entreprise de Shanghai productrice de panneaux photovoltaïques qui a fait défaut sur ses obligations. C’est une première en Chine : pour la première fois, sur le marché intérieur chinois, une société ne respecte pas ses engagements et apparemment les autorités laissent faire : aucune banque n’est venue au secours de Chaori Solar. Le message est clair : le temps où l’appareil bancaire se devait de soutenir tous les canards boiteux – publics ou privés – est révolu. Or on sait que nombre d’entreprises chinoises achetaient des matières premières afin de faire tourner leurs machines à crédit. La réaction des marchés est donc logique. Mais cela veut-il dire que l’on va assister à l’éclatement de la bulle de certains achats chinois et à une rechute prolongée des prix mondiaux ? C’est probablement prématuré.
16 Mars
SFR
La vente de SFR fait la une des médias. Il est vrai qu’en France le téléphone a longtemps été un « service public » et que l’état a quelque mal à imaginer que la vente d’un opérateur privé à d’autres opérateurs privés ne soit pas du ressort de ses compétences mais de celles des autorités de la concurrence. Le temps du « meccano industriel » qui a marqué la France de Pompidou à Balladur est révolu. Arnaud Montebourg a perdu quelque occasion de se taire quoique …
La société qui risque de remporter SFR, Numéricable, pose quand même quelques problèmes et le ministre n’a pas tort de fustiger « une holding au Luxembourg, cotée à la bourse d’Amsterdam, avec une participation personnelle du principal dirigeant à Guernesey, qui est lui-même résident en Suisse » (selon les termes précis utilisés par Arnaud Montebourg). Tout ceci est probablement optimal du point de vue fiscal mais peut susciter des doutes en matière de transparence et d’éthique. Les dirigeants de Vivendi ont fait leur choix : ce sont des vieux routiers de l’économie mixte à la française, inamovibles membres de Conseils où tout le monde se tient par la barbichette. Convertis sur le tard au libéralisme économique, leur choix s’explique par une pure arithmétique financière.
Aux Etats-Unis, il n’est pas certain que pareille affaire aurait pu se produire car on n’y badine guère avec le fisc et encore moins avec les exilés fiscaux. En France, Arnaud Montebourg a presque réussi à faire de Patrick Drahi un martyr. Autre pays, autres mœurs mais l’exemple français n’est pas bien édifiant.
18 Mars
Crimée
Voila donc la Crimée redevenue russe ! Vladimir Poutine n’a pas hésité et il a pour lui le poids de l’histoire, la parenthèse ukrainienne n’ayant duré en réalité qu’un peu plus d’une vingtaine d’années depuis la fin de l’URSS. Il a su aussi mesurer la faiblesse et la frilosité des occidentaux prompts à condamner mais bien lâches à sanctionner. L’Allemagne veut son gaz, le Royaume Uni ses oligarques et la France les navires vendus à la flotte russe de la Mer Noire. Quant à Barak Obama, pourquoi serait-il plus ferme pour la Crimée qu’il ne l’a été pour la Syrie ? Les quelques sanctions prises ne peuvent faire illusion et n’empêcheront pas Vladimir Poutine de dormir.
Pierre le grand s’était cassé les dents sur la Mer Noire et n’avait pu conserver Azov en 1713. C’est à la fin du siècle que la Russie put s’installer et supprimer en 1783 le khanat de Crimée. Chacun peut trouver dans l’histoire de ces régions la légitimité qui lui convient.
L’important maintenant c’est l’Ukraine. Au-delà du symbole, la perte de la Crimée n’est pas essentielle. Ce qui l’est plus c’est la remise en état d’un pays mis en coupe réglée par quelques oligarques – nationalistes ou pro-russes – qui en étaient même arrivés à contrôler leurs propres partis politiques. Peut-on prendre au sérieux le nouvel exécutif qui a confié à certains de ces mêmes oligarques des charges de gouverneurs de provinces ?
Et puis se posent d’autres tentatives séparatistes en Transnistrie (une république de facto indépendante) et en Ukraine Orientale. L’Ukraine a ces jours-ci un parfum de Tchécoslovaquie. Gare à Munich !
21 Mars
Ukraine / Crimée
Les premières sanctions du monde occidental commencent à tomber sur la Russie. Pour l’instant elles sont moins économiques que symboliques et les Etats-Unis ont cherché à viser le « premier cercle » des proches de Vladimir Poutine. C’est ainsi le cas de Gennadi Timchenko, l’un des propriétaires de Gunvor. Gunvor est l’un des plus importants négociants en matières premières au monde qui a fait sa fortune dans l’exportation du pétrole russe dont il aurait été l’un des intermédiaires privilégiés. De « mauvaises langues » en avaient déduit une proximité certaine avec le Kremlin, analyse manifestement partagée par les autorités américaines. Gennadi Timchenko a immédiatement cédé les 45 % qu’il détenait de Gunvor à son partenaire scandinave. Il eut été en effet difficile pour un négociant comme Gunvor de se retrouver de facto interdit d’exercice aux Etats-Unis au sens le plus large (on se souvient que cela avait été le cas de Marc Rich dans les années quatre vingt).
On mesure là l’impact que peuvent avoir des sanctions de type financier notamment pour les Etats-Unis qui peuvent s’attaquer à toutes les transactions passant de prés ou de loin par le dollar américain. Logiquement, les oligarques proches du Kremlin, sont des cibles de choix même si certains alliés des Etats-Unis comme le Royaume Uni ne font preuve d’aucun enthousiasme en ce domaine.
22 Mars
Mozart
La Flute Enchantée à l’Opéra Bastille dans une mise en scène fort moyenne et presque banale de Robert Carsen, trahissant en grande partie le dernier opéra de Mozart et, à mon sens, son chef d’œuvre, peut-être même le plus bel opéra qui n’ait jamais été écrit. Nous sommes en 1791, à Vienne. Le Siècle des Lumières vient d’accoucher de la Révolution française qui est encore dans sa phase idéaliste qui fait rêver en Allemagne et en Autriche (jusqu’à modifier l’emploi du temps immuable de Kant à Königsberg). La Flute c’est bien sûr l’affrontement un peu caricatural de la lumière et de l’obscurité, de la sagesse de Sarastro, espèce de mage agnostique régnant sur une sorte de communauté saint simonienne avant l’heure, et de la violence de la Reine de la Nuit déjà au fond condamnée par l’histoire. Le génie de Mozart est d’introduire dans cette trame au fond assez conventionnelle un personnage qui est peut-être son double, Papageno qui campe l’éternelle faiblesse et la lacheté de l’homme.
Il faut imaginer la Flute comme elle fut donnée, dans un théâtre populaire, sans la prétention d’une mise en scène décalée : une histoire d’hommes et de dieux écrite au soir de l’Ancien Régime, au soir aussi de la vie de Mozart.
24 Mars
Négoce
Au-delà de Gunvor, le monde du négoce international bouge ! Avec la « Volcker rule» aux Etats-Unis, les grandes maisons de Wall Street abandonnent la partie la plus voyante de leurs activités sur les matières premières. J.P Morgan vient de vendre son département matières premières (et ses entrepôts agrées par le LME entre autre) au négociant suisse Merkuria. Morgan Stanley avait fait de même au profit du pétrolier russe Rosneft. Les grandes maisons de négoce poursuivent d’ailleurs une sorte de croissance oligopolistique en poussant leurs pions tout au long des filières : Glencore, Trafigura, Vitol, Mercuria ont rejoint et même dépassé les géants du grain, de Cargill à Louis Dreyfus. Mais ceci ne pouvait laisser la Chine indifférente : le géant public de l’agro-alimentaire chinois, Cafco, a ainsi acheté Nidera, un négociant hollandais très présent dans les oléagineux en Amérique Latine. Cafco aurait aussi pris un intérêt majoritaire dans les activités agricoles de Noble, un négociant de Hong Kong au capital duquel on retrouve le fonds souverain chinois. Un autre fonds souverain, celui de Singapour, Temasek vient de sauver un négociant local, Olam, devenu en quelques années un acteur majeur des marchés agricoles, en particulier en Afrique. Enfin Cargill vient de s’allier dans le sucre au brésilien Copersucar. Le monde du négoce continue de fasciner, de Hong Kong à Singapour, de Genève à Pékin et Moscou !
26 Mars
Pays émergents
Dégradation par Standard and Poors de la note du Brésil (BBB-), poursuite de la grêve des mineurs de platine en Afrique du Sud, sanctions contre la Russie, le monde des pays « émergents » souffre et on parle désormais des « Cinq Fragiles » (the Fragile Five) en faisant référence aux cinq pays confrontés à la fois à des difficultés économiques et à des échéances électorales majeures en 2014 : l’Inde, l’Afrique du Sud, la Turquie, l’Indonésie et le Brésil.
Ces pays émergents qui faisaient rêver au lendemain de la crise de 2008/09, dont on attendait le dynamisme et puis aussi les marchés de leur nouvelle classe moyenne, ces pays émergents font peur aujourd’hui tant on mesure leurs faiblesses et leur fragilité. En vérité, il y a eu toujours eu la Chine et les autres et il faut convenir que le modèle chinois ne peut être reproduit à l’identique même par l’Inde ou le Brésil. A côté de la Chine il y a aussi la génération des quatre « vieux » dragons et puis quelques autres pays asiatiques notamment le Vietnam. En dehors de l’Asie, seul le Chili a quelque maturité.
Les autres restent des pays « en développement » certes parfois accéléré mais loin d’avoir résolu leurs contradictions internes. Que c’est difficile de décoller !
27 Mars
France / Elections
Après le camouflet du premier tour des élections municipales en France, le chiffre du chômage du mois de Février (+ 31 500) a une tonalité de glas pour un gouvernement aux abois et surtout pour une présidence assiégée que vient à peine distraire la visite du président chinois. Dimanche dernier le message des électeurs français a été clair au-delà des enjeux propres à une multitude d’élections locales. Bons ou mauvais, les candidats socialistes ont été balayés par un vent de mauvaise humeur et de déprime des français. Les seules mairies importantes qui pourront être sauvées le seront grâce à de providentielles triangulaires (le FN demeure une merveilleuse « invention » de François Mitterrand) et aussi grâce au paradoxalement bon score des écologistes qui se trouvent souvent en position très favorable. Paradoxe car l’alliance avec les Verts va obliger les socialistes à aller un peu plus dans la direction d’une « décroissance verte » qui – au moins du point de vue économique – est une impasse totale ; paradoxe aussi tant les Verts pèsent peu sur l’échiquier politique national.
Le chiffre du chômage vient donc rappeler à la réalité ceux qui gouvernent – mal – la France. Le petit jeu des pronostics pour le remaniement bat son plein. Mais la France a besoin d’autre chose qu’un simple exécutif de conseil général fut-il de Corrèze !
29 Mars
Industrie
Il y a quelque chose de paradoxal en France : il est aussi difficile de fermer une usine que d’en ouvrir une ! Malgré la censure de la « Loi Florange », fermer une usine en France – sauf dans le cas d’une faillite – demeure un exercice long et difficile. Il est bien sûr totalement légitime de protéger les salariés de « patrons-voyons » (attirés trop souvent par les subventions locales…) et l’affaire de Molex – jugée par les prudhommes de Toulouse cinq ans après les faits – montre bien toutes les dérives qu’il est nécessaire d’encadrer. Pour autant sans parler même de « destruction créatrice » à la Schumpeter, la vie d’une entreprise est aussi faite de changements d’orientation, d’abandons d’activités, de recentrages. Un groupe comme Kering (l’ancien Pinault Printemps – La Redoute) qui cherche à abandonner la Redoute en est un bon exemple. La VPC n’est plus dans son cœur de métier mais on peut penser que la prise de conscience en est bien tardive. Une entreprise est aussi – et même avant tout – une société humaine et le capital n’est rien sans le travail ! Il faut donc savoir fermer sans pour autant s’en laver les mains.
Mais il faudrait aussi pouvoir ouvrir une usine sans passer sous toutes les fourches caudines des comités « Theodule » refusant par principe toute forme de risque pourtant inhérente à l’activité industrielle au nom d’un principe de précaution bien galvaudé. Ouvrir, fermer, c’est ouvrir, c’est la vie...
30 Mars
Art et Football
De tout un peu pour faire un marché ! Il y a quelques jours la foire de Maastricht fermait ses portes. A cette occasion une universitaire irlandaise, Claire Mc Andrew, a publié son évaluation du marché mondial de l’art : évaluation puisque si la partie des ventes aux enchères est connue (avec des doutes pour les maisons chinoises), les volumes traités par les galeries et les marchands sont bien difficiles à estimer. Va donc pour $ 65,7 milliards, la deuxième plus belle année de l’histoire après 2007 ($ 66,5 milliards) : 38 % aux Etats-Unis, 24 % en Chine, 20 % au Royaume Uni, des miettes ailleurs y compris en France. La conjoncture reste belle, notamment pour les très riches qui font s’enlever les prix de l’art contemporain (à contrario, jamais le mobilier classique du XVIIIe siècle et avant n’a été aussi peu cher : c’est le moment ou jamais de se meubler en Louis XV ou Haute Epoque !)
Un autre marché attire les mêmes fortunes et notamment les oligarques russes : une étude de l’université de Limoges a estimé le « mercato » des joueurs de football au sein de l’Union Européenne à 3 milliards d’euros pour la saison 2010/11 et cela pour quelques 18000 transferts. Les « gros » marchés sont là ceux de l’Allemagne, de l’Angleterre, de l’Espagne, de la France et de l’Italie. Mais là aussi il y a le foot et les autres sports …
Rien de commun entre l’art et le sport si ce n’est la rencontre du plaisir et de l’argent avec toutes les dérives que l’on peut imaginer.
31 Mars
Climat
La publication du rapport du GIEC sur les conséquences du réchauffement climatique au XXIe siècle rappelle – toutes choses égales par ailleurs – la publication en 1971 du rapport au club de Rome « Halte à la croissance » (Limits to growth en anglais). On se souvient qu’à l’époque l’approche était celle de l’épuisement des ressources naturelles : avant la fin du siècle (le XXe) il n’y aurait plus de pétrole, nombre de métaux viendraient à manquer et le monde serait incapable de nourrir ses masses urbaines. Cette prophétie malthusienne publiée quelques mois avant le premier choc pétrolier et la crise de 1974 ne se vérifia pas. Les auteurs en effet n’avaient pas pris en compte les progrès de la science et de la technologie et surtout l’impact des hausses de prix sur la diffusion de ces progrès. Il n’y eut pas de famines si ce n’est celles provoquées par la folie des hommes. Il y a toujours du pétrole, des métaux …
Le GIEC nous prédit une contraction du PIB mondial (de 0,2 à 2 %), de graves problèmes agricoles … Mais il raisonne pour l’essentiel à technologies existantes et il se trompe probablement comme s’était trompé le Club de Rome en 1971.
Soyons clair : l’alerte sur le climat est nécessaire ; nous ne pouvons impunément continuer à polluer notre environnement. Mais de grâce ne cédons pas au catastrophisme de tous les Cassandres qui se sont toujours trompés !