2 Mai
Chine
La Chine pourrait être cette année la première économie mondiale ! Les nouveaux calculs de la Banque Mondiale en parité de pouvoir d’achat montrent qu’en 2011 elle représentait déjà 87 % du PIB américain : 14,9 % du gâteau mondial contre 17.1 % pour les Etats-Unis (et plus de 18 % quand même pour l’Union Européenne). En tenant compte des différentiels de croissance entre Chine et Etats-Unis ces trois dernières années, il y a de fortes chances que la Chine soit en train de doubler son rival américain. En 2014, la Chine reprendrait ainsi la place qui fut la sienne jusqu’au début du XIXe siècle et qui lui fut ravie par le Royaume Uni.
Mais ce classement en « ppa » met aussi en évidence la montée de l’Inde, troisième économie mondiale déjà en 2011, loin devant le Japon.
A quelques semaines des élections européennes, le poids de l’Europe, enfin, interpelle. Nain politique certes mais géant économique et même monétaire (la zone euro doit représenter à peu près 13 à 14 % du PIB mondiale à elle seule). Cet espace mérite mieux que sa gouvernance de pacotille et ses eurosceptiques qui vont malheureusement faire un carton le 25 Mai. La carte économique du monde qui se dessine est bien tripolaire avec l’Amérique du Nord (30.8 %), l’Asie (plus de 30 %) et l’Europe Occidentale. Aux européens de ne pas l’oublier et de cesser de rêver aux confettis du passé.
7 Mai
Rêver de l’indépendance des universités
Loin des cénacles académiques si prompts à considérer toute réforme comme une atteinte à leurs droits fondamentaux, les 762 000 candidats au baccalauréat 2014 (et leurs parents …) viennent d’infliger aux universités françaises la plus magistrale des gifles. Le grand « avantage » en effet d’un système centralisé et quasi soviétique comme le notre est que l’on dispose des chiffres des vœux de nos têtes blondes pour leurs études supérieures (la plate forme APB ou Admission post-bac). Moins d’un tiers d’entre eux (32,7%) rêvent de l’université alors que celle-ci dispose de quelques « monopoles naturels » (droit, médecine notamment). Les lycéens français visent les BTS (34,7%), les IUT (14,4 %), les « classes prépa » (7,9%) …
Quel aveu d’échec pour les universités qui accueilleront quand même 57 % des lycéens qui y débuteront en Septembre un parcours anormalement marqué au coin de l’échec. Beaucoup plus que dans le classement de Shanghai, c’est cette incapacité à éduquer dans la dignité et à préparer un avenir qui ne soit pas exclusivement celui de l’enseignement qui est bien le signe de la faillite de l’université française. Le constat est pourtant trop sévère tant il faut saluer la conscience et la débrouillardise de tous ceux qui en contournant la rigidité des règlements et les pesanteurs de toutes les administrations accumulées parviennent à faire fonctionner les nombreuses « pépites » qui émaillent le monde universitaire.
Que faire alors ? Une nouvelle réforme, un peu plus d’autonomie ? Peut-être mais la vraie réponse n’est pas là et l’auteur voudrait ici rêver un peu :
• rêver d’universités totalement indépendantes dans leur politique, leur gestion, leurs finances, leurs ressources humaines
• rêver d’universités ayant la possibilité de mettre en place des politiques cohérentes de sélection
• rêver donc d’universités totalement libres de leurs politiques tarifaires et boursières tant la gratuité actuelle est un leurre qui pénalise les plus méritants et qui contribue même à dévaloriser les diplômes
• rêver aussi de la disparition du mythe de diplômes nationaux déjà allègrement contourné par nos étudiants eux-mêmes
• rêver d’une gestion totalement indépendante (et de la suppression notamment des agents-comptables) y compris dans le domaine des ressources humaines allant même jusqu’à l’abandon du statut de la fonction publique.
La tête dans les étoiles de l’excellence académique, les universités ont les pieds dans la boue de premiers cycles où elles prennent de plein fouet la responsabilité d’échecs que leur imposent l’absence de sélection et une illusoire gratuité et qui se soldent par un véritable « massacre des innocents » dans les premières années.
Il n’y a qu’en France que l’Université est ainsi un « pis-aller ». Cela doit changer.
9 Mai
Afrique du Sud
Après l’Algérie, des élections viennent de conforter un pouvoir corrompu et inefficace. Cette fois-ci c’est de l’Afrique du Sud qu’il s’agit. Comme le FLN, l’ANC conserve le pouvoir et Jacob Zuma sa présidence. Pourtant même Monseigneur Tutu, prix Nobel de la paix, avait appelé à voter contre lui. Mais les électeurs sont demeurés fidèles à l’ANC, le grand acteur de la lutte anti-apartheid, peut-être dans un ultime signe de reconnaissance à Nelson Mandela, au-delà de la tombe.
L’Afrique du Sud n’a jamais été un pays émergent et encore moins le « s » d’un illusoire BRICS. L’Afrique du Sud est un producteur de matières premières (métaux, charbon …) qui a même du mal à tenir son rang du fait des pénuries d’énergie et des grèves. Certes une « nomenklatura » africaine a émergé mais le sous-prolétariat des « townships » n’en a guère profité. L’africanisation de l’économie n’a profité qu’à quelques familles, souvent proches de l’ANC. Mais le plus grave est que l’économie sud-africaine s’est peu diversifiée et si elle peut faire illusion sur le continent africain, tel n’est pas le cas parmi les pays émergents, même parmi les « cinq fragiles » (les pays émergents soumis à des élections en 2014 : Inde, Indonésie, Brésil, Turquie et Afrique du Sud). Elle se rapproche plus de l’Algérie ou de la Russie tout en continuant de danser sur un volcan ethnique et social.
13 Mai
Bulle ?
Alors que tombent les uns après les autres, les résultats de la croissance du premier trimestre 2014 – plutôt médiocres aux Etats-Unis, en Chine ou en Europe – les marchés nous racontent une histoire totalement différente : aux Etats-Unis, les bourses ont battu des records historiques et – dans un genre différent – les ventes aux enchères d’art contemporain à New York ont frisé la démesure avec plus de $ 800 millions pour une seule vente de Christie’s.
Qu’il s’agisse donc des bourses de valeurs ou du marché de l’art, la crise de 2008 semble bien oubliée au moins de la part des très riches qui sont d’ailleurs aussi de plus en plus originaires d’Asie. Y-a-t-il là quelque aveuglement d’un monde qui danserait sur un volcan de dettes et de chômage ?
La réalité est bien différente : les politiques suivies par les banques centrales ont fait de « l’argent » la commodité la moins onéreuse de la planète. Les liquidités circulent et se prêtent à toutes les « bulles » imaginables qu’il s’agisse des actions ou des toiles de Warhol. Tout ceci n’a malheureusement rien à voir avec la santé économique de la planète qui, d’ailleurs, n’est pas si mauvaise avec des prévisions du FMI autour de 3.5 % en 2014 et un peu plus en 2015. Alors un peu d’exubérance irrationnelle …
14 Mai
Cylope-Chine
Présentation du Rapport Cyclope 2014, le vingt huitième d’une série initiée en 1986. Cette année le personnage principal est-une nouvelle fois – la Chine qui, au-delà des aléas climatiques et géopolitiques, demeure la clef de pratiquement tous les marchés mondiaux à quelques exceptions près comme le café, le cacao ou même le gaz naturel.
De la table ronde qui a réuni quelques uns des meilleurs experts français sur la Chine, s’est dégagé un incontestable sentiment d’optimisme alors même que l’une des thèses de Cyclope est qu’il faut se préparer à l’éventualité d’une crise majeure.
Au contraire donc, il a été souligné l’ampleur des marges de manœuvre dont disposent les dirigeants chinois pour gérer le ralentissement de la croissance qui nous a fait passer d’un rythme de 10 % à quelque chose plus proche de 7 à 7.5 %. Lorsque l’on compare la Chine à nombre d’autres pays émergents d’Asie ayant quelque antériorité, force est de constater que les principaux ratios d’endettement et même de créances douteuses dans les banques demeurent supportables et que le niveau du capital reste cinq fois inférieur à celui de la Corée.
Au fond le paradoxe de la Chine, qui la rend si difficile à comprendre c’est que, comme le souligne Jean Luc Petithuguenin, le président de PAPREC, s’y cumulent des situations industrielles du XIXe siècle, du XXe siècle et du XXI siècle. Les « grands bonds en avant » sont souvent périlleux.
15 Mai
Rome
Peu de villes dans le monde dégagent pareille magie que Rome et les quelques heures volées à un congrès qui se tenait dans un de ses hôtels pour une longue promenade en tant de lieux de mémoire l’ont encore une fois amplement montré.
Tournant le dos à la Rome Antique, c’est la Rome baroque, celle de Sixte Quint puis des Jésuites qui a guidé mes pas du Quirinal vers Saint Pierre en passant par la Villa Barberini (et un fabuleux Caravage de la jeunesse du maître, Narcisse contemplant son reflet), l’église Saint Ignace et le tombeau de Louis de Gongague, Sainte Agnès sur la Piazza Navona et puis – au milieu du flot des touristes – la montée vers Saint Pierre. Mais à chaque instant c’est l’envie de pousser la porte d’un palais, le regret de voir tant d’églises et de chapelles fermées, le plaisir aussi d’un « ristretto » au comptoir des derniers cafés que fréquentent encore les romains.
C’est une Rome exubérante, bien peu chrétienne au fond (au sens de l’austérité et de la pauvreté), celle des grands papes bâtisseurs et mécénes, celle des princes de l’Eglise et de la splendeur de la pourpre certes, mais la bure et le cilice n’étaient jamais loins.
17 Mai
Impôts
Sacrifice au rite de la déclaration d’impôts : un moment rendu plus facile par l’intégration préalable des revenus par les services fiscaux mais compliqué quand même par l’extraordinaire maquis de la fiscalité française au sein de laquelle se chevauchent de multiples dispositifs dont la cohérence est oubliée depuis longtemps (curieuse d’ailleurs cette habitude de baptiser les mesures immobilières du nom du ministre responsable ce qui aura permis au moins à certains de passer à la postérité …)
Ceci étant l’impôt – et celui-ci, l’impôt progressif sur le revenu qui est le plus juste – est bien l’acte fondateur de la citoyenneté et il n’est pas certain qu’annoncer comme un progrès que plus d’un million de foyers n’auront pas à payer d’impôts en 2014 échappe à l’accusation de populisme démagogique. Certes la crise est passée par là mais il est dommage de toucher au seul impôt qui ait une vertu pédagogique. Il y a bien d’autres manières de réduire la pression fiscale y compris sur les classes moyennes les plus fragiles.
Allons même plus loin. Payer l’impôt sur le revenu est un devoir citoyen. On devrait presque fêter ce passage définitif à l’âge adulte qu’est la première déclaration d’un jeune qui quitte le foyer fiscal de ses parents. Mais c’est à ce jeune qu’il faudrait faire le beau cadeau d’une vraie réforme fiscale, transparente et équitable. On peut rêver.
19 Mai
Recyclage
Chacun met dans le concept de développement durable les ingrédients qu’il souhaite y trouver. Il y a toutefois une dimension que l’on ne peut éviter et c’est bien celle de la disponibilité des ressources dans la durée. Ces deux derniers siècles, les hommes se sont comportés en prédateurs sans grand souci de l’épuisement éventuel de ressources non renouvelables : il suffisait de creuser plus profond, de transporter plus loin. La crise actuelle sur les marchés mondiaux de matières premières, liée à l’émergence de la Chine en particulier, nous a rappelé que le « temps du monde fini » avait bien commencé. Certes les progrès scientifiques ont permis de repousser de quelques décennies le moment de l’épuisement des ressources fossiles et minérales mais à l’aune du temps long de la planète, ce n’est là que l’ombre d’une respiration
Au cœur du développement durable, il y a donc la gestion de la rareté : il n’est plus possible de gaspiller. Il faut consommer mieux et moins certes mais surtout collecter, trier, valoriser, recycler. Le rêve de l’économie circulaire ne sera peut-être jamais réalisé mais il faut s’en approcher tant pour les filières classiques (papiers, ferrailles) que pour les filières les plus technologiques (électronique…). Le recyclage est devenu une fonction incontournable du cycle de vie des produits : cycle de vie, de mort, de renaissance … Déjà sur nombre de marchés mondiaux (métaux non ferreux notamment) les « matières secondaires » font jeu égal avec les matières premières. Ce sera demain encore plus le cas grâce à la mise en exploitation de nouveaux « gisements » dans les pays émergents.
Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, les entreprises de recyclage font depuis longtemps du développement durable, bien avant que le concept n’en soit à la mode !
20 Mai
Europe
Derniers jours de la campagne pour les élections européennes. Un invité surprise y a fait irruption suscitant un rejet complet et en venant à illustrer les excès de l’Europe « libérale » : il s’agit du « poulet au chlore » … américain.
C’est en effet ce sympathique volatile, traité à l’eau de Javel pour des raisons sanitaires qui menacerait d’envahir les linéaires français si l’accord de libre-échange transatlantique était signé. Les négociations sont en cours et butent sur les exceptions des uns et les intérêts des autres.
Convenons que dans ce genre de négociations, l’Europe n’est pas en position de force : le commissaire qui négocie est flanqué de 27 pays qui le paralysent alors qu’il doit de plus en plus tenir compte de la « société civile » et des ONG qui la représentent dans les couloirs de Bruxelles. La partie américaine est plus claire, plus cynique, ne croyant – in fine – qu’aux rapports de force bien au-delà de quelque référence idéologique que ce soit. Les Etats-Unis veulent –entre autres choses – l’ouverture du marché alimentaire européen mais ne s’engagent dans la protection des appellations géographiques que du bout des lèvres. La France est vent debout sur le sujet de l’exception culturelle et dans une certaine mesure le poulet au chlore en fait partie tout comme à l’inverse le fromage au lait cru. On est là bien loin de la théorie du libre échange et force est de constater que le protectionnisme fait son miel de tous nos particularismes.
22 Mai
Gaz naturel
Signature d’un accord historique entre la Russie et la Chine pour la fourniture pendant trente ans de gaz naturel. Il a fallu attendre les toutes dernières heures de la visite de Vladimir Poutine à Pékin pour que les chinois et russes se mettent d’accord sur un contrat global de
$ 400 milliards et surtout sur le prix de vente de ce gaz. Celui-ci n’est pas public mais il serait un peu inférieur au prix d’exportation vers l’Europe, c'est-à-dire aux alentours de $10 à $ 11 le mbtu (million de « british thermal unit », l’unité de compte la plus courante pour le gaz naturel).
Sur fond de diplomatie et en pleine crise ukrainienne, ce fut une partie de poker menteur. Les russes voulaient montrer aux occidentaux leur indépendance vis-à-vis du débouché européen. Les chinois avaient besoin de gaz russe mais tenaient à monnayer leur soutien en obtenant un rabais sur les prix. Gazprom vend son gaz dans l’UE sur la base de $ 12 le mbtu. Lorsque la Chine importe du gaz naturel liquéfié (GNL), elle le paie sur la base de $ 18 le mbtu, au même niveau que le Japon ou la Corée.
Les chinois voulaient un prix inférieur au marché européen et les russes ont du – un peu – transiger. La cote est mal taillée mais tout le monde en est satisfait.
Ce rapprochement Russie-Chine marque une rupture par rapport à une période de défiance qui avait commencé au début des années soixante, au moment du « Grand Bond en Avant ». Un chapitre supplémentaire d’une vieille histoire de rivalités asiatiques. Le « Grand Jeu » continue.
25 Mai
Elections Européennes
Bien sûr la plupart des sondages l’avaient annoncé. Mais le choc reste rude et le vote français tout à fait exceptionnel dans une Europe de plus en plus écartelée.
La première leçon est bien sûr nationale : c’est le « ras le bol » - par l’abstention ou le vote contestataire des partis de gouvernement et de leur incapacité à prendre à bras le corps la crise française : au pouvoir le PS est logiquement le plus affecté mais l’UMP ne fait guère mieux. Ce vote marque bien symboliquement la rupture du modèle français dont le fondement était la relation de confiance – dépendance que les français entretenaient avec la sphère publique et l’état en général : un vote de rejet donc qui porte au premier plan un parti sans programme crédible si ce n’est un illusoire repli sur soi.
La deuxième leçon est européenne et l’élément important en est la sanction britannique : l’UKIP n’est pas le FN, n’en partage aucune racine et n’est pas un héritier lointain d’Oswald Mosley. Le rejet britannique de l’ Europe – s’il se confirmait à l’occasion d’un référendum – pourrait paradoxalement permettre au reste de l’Europe de mettre plus de chair politique et de fédéralisme dans une construction en panne, faite pour l’instant d’un euro mal compris et de directives mal vécues, qui nous entraine bien loin des rêves des pères fondateurs.
Un vote donc et deux problèmes : la crise politique française et le risque de trois années encore perdues et puis le destin d’une Europe dont le peloton, à la recherche d’un second souffle, va éclater.
27 Mai
Simandou
Rio Tinto, le deuxième mineur mondial, vient de signer un accord historique avec le gouvernement de la Guinée pour le développement du désormais célèbre gisement de minerai de fer de Simandou. Cela fait des années que Simandou fait rêver et attire les principaux mineurs mondiaux comme Rio ou Vale mais aussi les pires des vautours à l’image du célèbre Benny Steinmetz qui a fait sa fortune dans les diamants africains et qui fut un temps titulaire d’une partie de la concession achetée à vil prix et revendue par la suite fort cher à Vale. L’affaire est désormais devant les tribunaux aux Etats-Unis.
Rio Tinto s’est engagé sur un projet de $ 20 milliards qui devrait à terme permettre de produire 100 millions de tonnes de minerai de fer par an : un véritable pari sur le maintien de la croissance de la demande mondiale au moment même où les prix baissent à moins de $ 100 la tonne du fait d’une demande chinoise un peu moins dynamique.
Mais l’autre pari est celui de la Guinée. Le pays, qui a connu tant de dictateurs et de coups d’état et dont la démocratie est bien fragile sera-t-il capable de gérer la rente du fer et d’échapper à cette malédiction des matières premières qui a affecté la plupart des pays miniers africains. Le fer peut-être la meilleure et la pire des choses.
29 Mai
Etats-Unis
Recul de 1 % du PIB américain. Celui-ci trouve son explication dans l’hiver particulièrement rude – froid et neige – qui a affecté l’Amérique du Nord et qui a paralysé de nombreuses régions. Ce n’est donc là qu’un accident qui ne remet pas en cause la croissance d’une économie américaine qui tourne autour de 2.5 à 3 % et qui crée chaque mois entre 100 000 et 200 000 emplois.
Mais le climat peut donc interférer sur la croissance économique. C’est là un rappel des fondamentaux de la production dans un monde que l’on imagine de plus en plus virtuel. C’est là aussi une alerte sur les conséquences que ne manquera pas d’avoir sur le long terme le changement climatique si celui-ci se concrétise comme certains le pensent par une récurrence plus élevée d’événements climatiques extrêmes : grands froids, canicules, sécheresses, inondations … Ceci affecte directement l’agriculture bien sûr mais en fait toutes les activités humaines d’un monde de plus en plus mobile.
Après l’hiver américain, nous attendons « El Niňo » dans le Pacifique. Malgré les progrès des technologies de la troisième révolution industrielle, l’homme reste un jouet face à la nature.
30 Mai
BNP
La nouvelle fait l’effet d’une bombe dans les milieux bancaires européens. Après le Crédit Suisse qui a dû payer une amende de $ 2,8 milliards à la justice américaine, BNP Paribas est menacée d’une sanction qui pourrait aller de $ 8 à $ 10 milliards ! La banque française est accusée d’avoir financé des opérations avec l’Iran et Cuba – pour l’essentiel des matières premières traitées par les bureaux de Genève et de Paris – réalisées en dollars et surtout compensées à l’intérieur de la banque au travers de New York. L’accusation est grave dans la mesure où des écritures auraient été falsifiées. BNP Paribas n’est pas la première banque à faire l’objet de pareilles poursuites (il y avait eu Standard Chartered) mais les sommes en jeu sont sans commune mesure.
On peut bien sûr s’indigner du privilège léonin que s’arrogent les Etats-Unis sur toutes les transactions libellées en dollars et on a un peu l’impression qu’il y a deux poids et deux mesures entre les banques anglo-saxonnes et les banques d’Europe continentale. Mais on ne peut ignorer la mécanique de la justice américaine et il est assez surprenant que de « grandes maisons » n’aient pas verrouillé de manière plus sure leurs opérations en utilisant par exemple d’autres monnaies de transaction. Voilà en tout cas un exemple à méditer dans l’hypothèse de sanctions vis-à-vis de la Russie.