2 Avril
France
Après la défaite électorale des municipales, l’exercice minimum de la part de l’exécutif était celui du remaniement ministériel. Dans la logique du dévoiement des institutions à l’œuvre depuis longtemps, nous avons assisté au rite expiatoire du sacrifice solennel du premier ministre alors que celui-ci n’est responsable en rien du désastre puisque l’essentiel du pouvoir est exercé à l’Elysées et non plus à Matignon. Jean Marc Ayrault s’en va donc remplacé par Manuel Valls. Mais pour le reste l’immobilisme est à peu près total : quelques remplacements, la disparition de nombre de ministres improbables (mais certains seront peut-être repêchés comme secrétaires d’état), le retour de certains poids lourds et notamment de Ségolène Royal. Rien ne change au fond et le premier ministre doit avoir une certaine impression de solitude dans son hôtel de la rue de Varenne.
Il n’y a qu’en France que le Prince dispose de pareille faculté de faire, de défaire, voire de laisser faire. Alors que se profile un nouveau désastre électoral, mais élargi à toute la classe politique de gouvernement (UMP et PS), avec les élections européennes, la mise en avant du seul pacte de responsabilité ne peut tenir lieu de programme politique. Le malaise profond que vit aujourd’hui la France semble laisser indifférent ceux qui gouvernent. Inquiétant.
4 Avril
Etats-Unis
Ca y est ! Avec 192 000 emplois créés au mois de Mars, les Etats-Unis ont retrouvé, avec 116 millions de personnes au travail, leur niveau de 2007, avant la grande crise : plus de six millions d’emplois avaient été détruits et il aura fallu cinq ans pour effacer le désastre social le plus marqué depuis la crise des années trente.
Effacer ? Soyons honnêtes pas tout à fait : d’une part le taux de participation à la population active (par rapport à la population totale) reste bien inférieur à celui de 2007. Et ceci est d’autant plus vrai que la démographie américaine demeure dynamique et donc que la population a augmenté plus vite que l’emploi ne l’a rattrapée.
Le FMI anticipe une croissance américaine en 2014 de 2.8 %. C’est bien mais cela reste décevant notamment à l’aune de la révolution énergétique que connaissent les Etats-Unis : gaz et pétrole de schiste sont à l’origine d’une croissance de 34 % de l’activité extractive aux Etats-Unis entre 2007 et 2012 et dans ce seul secteur, l’emploi a augmenté de 24 %. Un état comme le Dakota du Nord, grand producteur de pétrole de schiste, a vu son revenu augmenter de 7,6 % en 2013 contre une moyenne américaine de 2,6 %. Elève américain : bien mais peut vraiment mieux faire !
7 Avril
Inde
Début des élections en Inde. On s’est trop souvent moqué des simulacres électoraux en de nombreux endroits du monde pour ne pas saluer l’extraordinaire exercice auquel va se livrer en quelques semaines la plus peuplée des véritables démocraties de la planète.
Certes tout n’est pas parfait. La corruption continue à régner ; les dynasties se succèdent au pouvoir ; le populisme et l’intégrisme religieux ne sont jamais absents ; la violence est endémique.
Mais les élections en elles même ne suscitent pas de contestation. Il n’y a pas de bourrage d’urnes et l’alternance démocratique fonctionne depuis maintenant près de soixante dix ans. Non, le vrai problème de la démocratie indienne est ailleurs.
L’Inde fut longtemps gouvernée par des partis « nationaux », le Congrès, à gauche plutôt laïc, héritier des Gandhis, et le BJP, la droite nationaliste et hindouiste. Ni l’un ni l’autre n’obtiendra la majorité absolue des électeurs. Pour former un exécutif, le vainqueur (le BJP probablement) devra former des alliances avec des partis régionaux, voire locaux dont les intérêts passeront donc au premier plan, rendant d’autant plus difficiles les réformes nécessaires. L’Inde est ainsi menacée par une véritable paralysie démocratique.
9 Avril
Europe
Décidément l’Europe est devenue la « poubelle » de la France politique, qu’il s’agisse de la droite ou de la gauche. Le reclassement d’un politicien battu ou en situation d’échec passe de plus en plus par une case européenne, vécue comme une sorte d’exil confortable ou d’aimable retraite. Voila donc le premier secrétaire du PS « promu » secrétaire d’état aux affaires européennes. La promotion est bien sûr une sanction et le portefeuille européen n’aura guère de poids. Tant pis pour l’Europe, tant pis pour la France.
Mais il en est de même pour les élections au Parlement européen et la France se distingue par sa capacité à envoyer à Strasbourg et Bruxelles les « ratés » du système électoral français en fin de vie politique (M. Alliot Marie) ou espérant rebondir à la première occasion au plan national (N. Morano). Dans un cas comme dans l’autre, l’Europe est le cadet de leurs soucis.
Tout ceci n’est pas bien raisonnable et on ne peut en même temps s’afficher européen et ne pas en jouer le jeu et ce d’autant plus que c’est désormais à Bruxelles que sont prises les décisions les plus importantes pour la vie quotidienne des français. Drôle de manière de jouer la politique de la chaise vide !
13 Avril
Kurdistan
Deux films totalement différents, que rien ne rapproche si ce n’est un spectateur qui ne peut s’empêcher de mettre en parallèle ces deux plongées dans des pays « profonds » : le Kurdistan de « My Sweet Pepperland » et les Etats-Unis de « Nebraska ». D’un côté un Kurdistan de western, à la limite de la frontière turque, et l’affrontement d’une société traditionnelle donnant à la femme la portion congrue et cela sans aucune référence religieuse, et des prémisses de la modernité et de la démocratie incarnés par un ancien résistant, devenu commissaire de police et en fait seul représentant de la loi et de l’ordre, et par une institutrice opiniâtre : un film qui raconte un commencement, le début de l’histoire pour ce Kurdistan encore en gestation.
Aux Etats-Unis c’est de fin de l’histoire qu’il s’agit : une plongée dans ce qu’il reste de l’Amérique rurale avec des communautés vides, l’image d’une société de consommation essoufflée comme tant de ces « petits blancs » qui s’abrutissent de bière et de télévision : c’est bien la faillite de la « lower middle class » américaine, des fermiers et des « cols bleus », exclus de la prospérité dans une société dont l’esprit de communauté semble bien émoussé.
Le moyen-âge d’un côté, la décadence post-industrielle de l’autre, les hasards de la programmation cinématographique offrent ainsi un étrange miroir de la mondialisation.
14 Avril
Cuivre
La Chine achète la mine de cuivre de Las Bambas au Pérou ! Ceci bien sûr demande une explication de texte. Xstrata, le cinquième mineur mondial avait commencé à développer le gisement de Las Bambas qui devrait à terme produire 400 000 tonnes de cuivre. Xstrata a été racheté par son principal actionnaire, le plus important négociant en matières premières au monde, Glencore, basé à Zug en Suisse. La fusion de Glencore et de Xstrata a fait l’objet d’examenpar les autorités de la concurrence aux Etats-Unis, en Europe et en Chine. Le feu vert de la Chine, le premier consommateur et importateur mondial de minerais et métaux, était indispensable. Les autorités chinoises ont exigé que Glencore vende Las Bambas à des intérêts chinois et ont même décidé que ce serait le groupe Min Metals qui aurait la charge de cet investissement de près de $ 6 milliards. Min Metals contrôle d’ailleurs déjà une mine au Pérou, un pays qui, à la différence du Chili, est très perméable aux investissements étrangers. Dans ses investissements internationaux, la Chine a toujours en effet privilégié les pays à gouvernance « molle » qui ferment plus facilement les yeux sur des pratiques sociales et environnementales peu exemplaires. A surveiller …
16 Avril
SMIC - Jeunes
Pour tous ceux qui doutent de la capacité de la France à accepter la moindre réforme, les réactions suscités par une malheureuse allusion du président du MEDEF, Pierre Gattaz, à l’éventualité d’un SMIC plus faible pour certaines catégories de la population active – et notamment les jeunes -, sont du pain béni. La palme de la démagogie est remportée par l’ancienne présidente du MEDEF, Laurence Parisot, (qui doit régler ses comptes …) qui a parlé d’esclavagisme !
Mais la plupart des politiques de gauche comme de droite sont à l’unisson tant ils se souviennent des cuisants échecs de Balladur et Villepin sur des idées assez proches de SMIC jeunes. Les français nous dit-on sont attachés à l’égalité même lorsque celle-ci touche à l’absurde : comment justifier en effet un seuil identique à Paris et en province, pour un jeune débutant et un quinquagénaire qui a déjà trente ans de métier derrière lui. Chaque année 150000 jeunes sortent du système scolaire en situation d’échec et la plupart du temps l’offre de l’apprentissage ne leur est plus adaptée. L’entrée dans la vie active est au fond une sorte de stage qu’il faut rémunérer en tant que tel. Est-ce pour autant de l’esclavagisme ? Pierre Gattaz a mal posé une question essentielle. Mais les réponses sont affligeantes !
17 Avril
Algérie
Elections en Algérie. Mascarade électorale devrait-on dire qui va permettre à une nomenklatura de vieillards de maintenir leur emprise sur un pays à la dérive, admirable exemple de la malédiction des matières premières. Certes il y a des élections et celles-ci seront peut-être moins frauduleuses qu’on ne le pense : au-delà de toutes les corruptions et de l’échec économique, les algériens sont reconnaissants à Bouteflika d’avoir mis un terme à dix ans d’une guerre civile qui aurait fait près de 200 000 victimes. Entre l’armée et les islamistes, les algériens n’ont guère de choix. Certes leurs conditions de vie matérielle se sont améliorées et l’argent des hydrocarbures a au moins permis de loger une population en plein boom démographique. Mais pour le reste le pays n’a guère d’espérance et les différents candidats à l’élection présidentielle ne pouvaient faire illusion.
De tous les dirigeants « laïcs » du monde arabe de la génération post-nassérienne, Bouteflika est pratiquement le seul survivant. Quand ils regardent la Syrie et la Lybie, l’Irak et l’Egypte, les algériens peuvent peut-être s’en féliciter. Reste à voir ce qui adviendra de la transition tunisienne.
18 Avril
Robot
Le nouveau gouvernement vient de s’engager dans un vaste programme d’économies (50 milliards d’euros) plus ou moins douloureuses. Le terme utilisé par tous les analystes – de droite comme de gauche – est celui de « rabot ». On rabote une planche pour faciliter son ajustement mais ce n’est pas avec un rabot que l’ébéniste construit un meuble.
On ne peut bien sûr demander à Manuel Valls de sortir de sa manche en quelques jours les réformes profondes dont la France a besoin et qui ont été soigneusement évitées depuis la fin
du siècle dernier (l’immobilisme remonte en fait à la fin des années quatre vingt). Mais François Hollande a eu quand même deux ans de méditations élyséennes pour … ne rien faire !
Le problème n’est pas d’économiser 35 ou 50 milliards d’euros en gelant salaires des fonctionnaires et prestations sociales, le problème est de changer la relation des français à l’état et cela à tous les niveaux de son exercice. C’est bien au-delà du simple exercice de la réforme qu’il faut aller. Il ne sert à rien de raboter pour rétablir un meuble bancal. Notre meuble est bien au-delà de toute réparation. C’est un meuble nouveau qu’il faudrait construire non pas avec un rabot mais avec le ciseau de l’ébéniste.
20 Avril
A. Morelle
Encore une « affaire » en France qui touche un des « petits marquis » qui hantent les cabinets ministériels et qui vivent sous les ors de la République. En poste à l’IGAS, Aquilino Morelle a donc fait un « ménage » pour un laboratoire pharmaceutique danois, peu de temps avant de pourfendre Servier dans l’affaire Mediator. Dans le même genre un autre diplomé de médecine, Jérôme Cahusac, avait bien fait pire mais lui au moins n’était pas à l’abri dans le confort d’une inspection générale, les viviers de hauts fonctionnaires souvent entre deux postes, dont la qualité des travaux est la plupart du temps remarquable même si elles servent aussi de terrains d’atterrissage pour personnalités à recaser (Dominiqua Voynet, ancienne maire de Montreuil, justement à l’IGAS ces jours-ci).
Que dire ? Regretter le mélange des genres certes ; s’inquiéter surtout de la dérive du service de l’état qui fut longtemps au cœur de l’efficacité du « modèle français ». Médecin, A.Morelle aurait pu faire le choix du secteur privé. Enarque, il avait privilégié son engagement au service de l’état et il savait ce qu’il lui en couterait financièrement. Il n’est malheureusement pas un cas isolé.
22 Avril
Economie française
L’économie n’est pas une science exacte et la mesure des performances économiques l’est encore moins. Dans son célèbre manuel, « Précision et Incertitudes des Données économiques », Oskar Morgenstern, l’un des grands représentants de l’école « autrichienne » estimait que toute estimation de croissance au-delà de la virgule et donc de la décimale tenait du ridicule. Alors que dire des chiffres avancés pour la France par le gouvernement : 1 % en 2014, 1.7 % en 2015, 2.25 % en 2016 et 2017.
Disons qu’ils sont plausibles sans pour autant être crédibles et qu’au-delà de 2015 ils tiennent du « wishful thinking ». Pour l’année en cours même le 1 % reste optimiste et suppose d’une part un rebond de la demande extérieure, d’autre part une amélioration de la consommation des ménages alors même qu’il n’y a rien de bon à attendre sur le plan du chômage. Les cyniques diront que le moral des français étant au plus bas il ne peut que s’améliorer et que l’on peut espérer un effet « Valls » soutenu par le virage libéral de la politique gouvernementale. Ceci étant les 50 milliards d’euros d’économies vont laisser des traces d’autant plus qu’ils ne semblent pas devoir être accompagnés de véritables réformes structurelles susceptibles de changer la donne. Une croissance française de l’ordre de 0.5 % en 2014 parait plus réaliste mais, répétons le, le chiffre en lui-même n’a guère de sens si ce n’est qu’il signifie un peu plus de douleurs et de larmes.
25 Avril
Alstom
Général Electric pourrait acheter Alstom ! La nouvelle ne pouvait tomber plus mal: un autre joyau du complexe industriel français perdrait son indépendance et serait probablement démantelé. Lafarge à Zurich, Brandt en Algérie, Publicis peut-être aux Pays Bas, Cochonou même acheté par des chinois … Mais le cas d’Alstom est emblématique dans la mesure où il s’agit du résultat de décennies de ce « meccano » que l’état a tant aimé pratiquer en France au hasard des nationalisations, des privatisations et des constitutions de « noyaux durs » : qui se souvient de la CGE, de GEC – Alsthom et de tant d’autres ! L’échec n’en est que plus patent. L’actionnaire de référence d’Alstom n’est autre que Bouygues (à hauteur de presque 30 %) qui cherche en priorité à se refaire dans les télécoms…
Remarquons d’ailleurs un autre paradoxe : Alstom « vaut » un peu plus de 9 milliards d’euros pour une entreprise qui approche les 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires et qui compte plus de 90 000 employés dans le monde, qui est à la pointe de technologies essentielles dans des domaines comme les énergies renouvelables, le transport ou les réseaux intelligents. Numéricable vient d’acheter SFR, un des quatre opérateurs français de Télécoms pour plus de 15 milliards d’euros. On peut se lamenter sur le sort de l’industrie mais le déséquilibre avec l’univers des services est de plus en plus marqué. Qui parlait autrefois d’un monde sans usines ?
27 Avril
Canonisations
L’église catholique canonise deux papes et tourne symboliquement la page du XXe siècle. L’un et l’autre ont été porteurs de ruptures profondes mais paradoxalement l’héritage du modeste Jean XXIII est d’une autre ampleur que celui du charismatique Jean Paul II. Jean XXIII a en effet rénové une Eglise à bout de souffle qui avait bien du mal à s’adapter à ces « choses nouvelles » (rerum novarum …) du monde de l’après guerre. Avec le concile Vatican II, il a ouvert la porte de la remise en cause la plus profonde et la plus radicale qu’une institution comme l’Eglise se soit jamais imposé. Le Concile à d’ailleurs précédé les grands bouleversements des sociétés occidentales autour de 1968.
Quant à Jean Paul II il a su mettre fin aux doutes post-conciliaires avec son célèbre « N’ayez pas peur ! ». Il a personnifié un christianisme certes ouvert mais aussi de combat sur ses principes et ses valeurs.
Il y a dans le pape actuel – autant que l’on puisse en juger après un an de pontificat – une sorte de synthèse de Jean XXIII et de Jean Paul II : le souci des pauvres, l’accent mis sur une église proche des plus humbles de la tradition conciliaire aux antipodes des intégristes de tout poil et puis aussi la capacité à communiquer, à faire passer le souffle de Dieu, deux qualités que ne partageaient pas les deux autres papes de cette périodes, Paul VI et Benoît XVI que l’on aurait pourtant garde d’oublier.
28 Avril
Alstom
Avec l’arrivée de Siemens, le sort d’Alstom est devenu une affaire d’état. Les présidents de General Electric et de Siemens ont été reçus à l’Elysée où l’on se préoccupe à la fois d’emploi et de sécurité nationale. On pleure déjà un champion français et l’on regrette amèrement l’absence en France de véritables conglomérats industriels.
L’âge d’or des conglomérats dans le monde correspond aux années soixante et le modèle en fut l’américain ITT qui allait des téléphones aux hôtels en passant par la location de voitures. Le principe du conglomérat est de jouer de la taille plus que de la spécialisation. Le capitalisme français de cette époque autour des Compagnies de Paris et des Pays Bas et de Suez ou de groupes comme la CGE d’Ambroise Roux était de nature conglomérale.
Las, dans les décennies suivantes, les gourous du management décrétèrent la mort des conglomérats et on privilégia partout la spécialisation des métiers : les entreprises devaient se concentrer sur leur activités centrales et abandonner le reste. ITT disparut tout comme la CGE, nationalisée, privatisée, démantelée. Il en fut de même d’ailleurs des grands groupes de la chimie (qui se souvient de Rhône Poulenc…). Il apparait aujourd’hui que, au moins dans le domaine industriel, on est allé trop loin, et l’absence en France d’acteur de nature conglomérale, explique en partie l’impasse d’Alstom isolé dans ses métiers. Il y a bien sûr la tentation de faire jouer à l’état ce rôle mais est-ce encore raisonnable ?
30 Avril
Piketty
Thomas Piketty fait un « tabac » aux Etats-Unis. La sortie de la traduction anglaise de son opus sur le capital au XXIe siècle (et la montée des inégalités au XXe siècle) en a fait la coqueluche de la scène médiatico-politique américaine sans oublier le monde académique. Pratiquement aucun économiste français n’a connu pareille réception sur un continent où pourtant les émigrants académiques sont légion.
Le livre tombe bien aux Etats-Unis : la « gauche » est déçue par Obama, la reprise est molle et les inégalités se creusent. C’est aux Etats-Unis que le 1 % des plus riches concentre le plus de richesses (13% des revenus avant impôts). En soi la démonstration de Piketty est une évidence : la croissance est créatrice d’inégalités qu’elle amplifie. On peut avoir toute fois de l’histoire une autre lecture : le choc des « révolutions industrielles » est porteur de plus grandes inégalités matérielles que ce soit à la fin du XIXe siècle ou du XXe siècle. Il se développe alors un capitalisme patrimonial mais celui-ci connait au fil des ans un essoufflement lié au « rabot » de l’état providence et de ses prélèvements. On pourrait y ajouter d’ailleurs de manière non négligeable l’économie du don. Si le livre de Piketty marque à ce point les Etats-Unis du printemps 2014, c’est que l’état providence y est en crise, non par excès comme en France, mais par carence. Le juste milieu est bien difficile à tenir.