1er février
La victoire semble totale au Mali : Gao, Tombouctou, Kidah bientôt sont tombées presque sans combat. Assez logiquement, les combattants islamistes ont préféré se disperser et éviter des combats directs dont ils n’avaient aucune chance de sortir vainqueurs. Néanmoins, ils ne sont pas détruits et dans leurs refuges de l’Adrar des Ifogahs (qui me fait rêver aux merveilleux romans de Frison Roche), ils vont probablement reprendre leurs fructueux trafics à base d’otages, de drogue et d’un peu d’islam.
Mais dans les villes « libérées », on ne peut s’empêcher d’un certain malaise : les autorités rentrent dans les fourgons de l’armée française alors que la foule se venge et pille allègrement les demeures des « collabos » : on imagine l’ambiance de certaines villes françaises durant l’été 1944 où les plus vociférants étaient les résistants de la dernière heure. Il est clair que la légitimité des autorités politiques maliennes est bien faible et que leur enthousiasme francophile est celui d’un naufragé agrippant une ultime bouée.
Le Mali n’est pas l’Afghanistan certes, mais il va lui falloir une longue période de transition pour reconstruire ce qui reste l’un des pays les plus pauvres de la planète.
3 février
À l’Assemblée Nationale, le projet de loi instaurant le « mariage pour tous » est en discussion. Il y a eu quelques grands moments d’éloquence de la part de Christine Taubira qui a fait preuve d’une remarquable maîtrise technique, d’Henri Guaino qui s’est drapé dans le manteau d’un Malraux, mais en faisant vibrer aussi sa fibre personnelle d’enfant abandonné par son père, d’Hervé Marithon et puis aussi d’un député antillais de gauche qui a su imposer le silence dans l’hémicycle en parlant de ses convictions et de son refus du mariage pour tous au nom des valeurs de la socitété antillaise.
Cette après-midi, en une centaine de lieux en France, on manifestait encore : nous devions être un peu moins de dix mille sur l’esplanade de la Défense. Il est clair que le mouvement s’essouffle un peu ; il se remobilisera sur la question de la procréation médicalement assistée (PMA) qui n’est pas dans le projet de la loi et dont il n’est pas certain que François Hollande prenne le risque d’en faire une nouvelle pomme de discorde au printemps.
Qu’il est dommage quand même de diviser ainsi en un moment où la crise économique ébranle chaque jour un peu plus les fondements de la société française.
5 février
Discussion à Casablanca avec un dentiste marocain, formé aux États-Unis devenu promoteur de « tourisme médical ». L’idée est simple : profiter de coûts de mains-d’œuvre médicale dans un certain nombre de pays émergents pour y délocaliser des opérations non urgentes pour lesquelles les files d’attente s’allongent dans nombre de pays « riches ». Il y a deux motivations en fait : la capacité à éviter les congestions hospitalières et puis bien sûr le coût des opérations, un argument pour tous ceux, comme aux États-Unis, dont les couvertures médicales sont insuffisantes.
Le phénomène n’est pas nouveau : Singapour aurait ainsi traité l’année dernière plus de 800 000 patients étrangers. Le Maroc vise la clientèle européenne bénéficiant notamment de l’absence de décalage horaire. Pour l’instant, le marché français n’est pas visé, mais on peut se demander pour combien de temps quand on sait les difficultés du système hospitalier et on peut imaginer le moment où certaines mutuelles inciteront leurs clients à se faire opérer à moindres coûts quitte à leur payer le voyage.
En riant, mon interlocuteur me dit que l’on va assister à la naissance d’un véritable marché mondial : mais tout peut-il se résumer au marché. Je ne le pense pas, mais c’est un avertissement pour tous ceux qui freinent la nécessaire réforme de nos systèmes de santé.
6 février
Le forum qui se tient à Casablanca est consacré à « vivre le chaos ». C’est bien sûr la vision du chaos des marchés qui est visée et que je m’efforce de dissiper. Les marchés ne sont pas le chaos, ils n’en sont que le miroir, un miroir parfois déformant certes, mais un miroir que l’on ne peut briser, si l’image qu’il renvoie, celle de nos faiblesses et de nos doutes, reste profondément inquiétante.
En conclusion de ce forum, Dominique Strausskahn, au meilleur de sa forme loin de la France, confirme bien ce diagnostic estimant que la légère détente économique sensible ces dernières semaines ne peut masquer la réalité d’une crise qui se poursuit aux États-Unis avec le débat sur le relèvement du plafond de la dette, en Europe avec l’impossible union budgétaire, au Japon avec un inepte plan de relance. Il reste bien sûr la Chine à propos de laquelle je ne partage pas son pessimisme : pour DSK, la Chine n’a jamais été aussi proche de l’explosion du fait de la faiblesse du pouvoir central incapable de s’imposer aux grandes féodalités régionales. Bien sûr, les déséquilibres chinois sautent aux yeux, mais n’est-ce pas le cas depuis plus d’une décennie ? Il est clair en tous cas que pour toute la planète, l’interrogation chinoise est la question majeure des mois à venir. La Chine peut contribuer à adoucir ces mois de crise ou bien nous plonger à nouveau dans le chaos le plus total.
7 février
L’assassinat d’un dirigeant politique laïc plonge à nouveau la Tunisie dans le désordre et l’incertitude. Qu’ils sont oubliés les espoirs de la Révolution de Jasmin dans l’un des pays arabes considéré comme l’un des plus « modernes ». Au même moment, la colère gronde au Caire, le chaos règne en Libye, la guerre civile fait rage en Syrie et la guerre tout court au Mali.
Vu du Maroc, tout ceci apparaît très proche, mais aussi très lointain dans un pays qui a bien négocié un léger virage démocratique. Le Makhzen (le palais royal) a abandonné peu de pouvoirs, mais laisse quelque marge de manœuvre à un gouvernement d’islamistes fort modérés. Le « modèle » marocain reste presque exemplaire malgré d’évidentes limites sociales et notamment ses 40 % d’analphabètes.
Mais alors que les partenaires européens du Maroc s’essoufflent, il est inquiétant de voir que le pays se tourne de plus en plus vers l’Est, vers ces capitaux du Golfe qui semblent inépuisables : Vivendi va vendre Maroc Telecom qui sera probablement acheté par des Émiratis ! Un moindre mal peut-être quand on sait le rôle de l’Arabie Saoudite et du Qatar dans le financement des mouvements salafistes. Le Maroc rêvait d’un ancrage européen. Nous n’en avons plus les moyens ni la volonté.
8 février
Sans beaucoup exagérer, on peut estimer qu’aujourd’hui l’islam est la première religion pratiquée en France. D’après les estimations de l’INED, on comptait en 2008, 6,7 % de musulmans en France. Cinq ans plus tard, ce pourcentage est probablement plus élevé puisque la croissance de la population française (solde naturel des naissances et des décès et solde migratoire) est composée à plus de 40 % de musulmans. Or la caractéristique de cette population est son niveau élevé de transmission de la religion (87 %) un fait nouveau qui contraste avec la situation des années soixante. Il est par contre plus difficile de mesurer la pratique véritable, l’islam n’ayant pas en la matière de critères précis : la prière est individuelle et le jeûne du ramadan a une dimension souvent plus sociale que religieuse. On peut cependant considérer que 4 à 5 % des Français sont des musulmans pratiquants.
Il n’y a probablement pas autant de catholiques. Certes ceux-ci sont largement majoritaires (60 % au moins), mais le niveau de pratique religieuse (aller une fois par mois à la messe) s’est effondré : certes on enterre encore à l’église, mais les enfants ne vont plus guère au catéchisme. Il y a probablement moins de 5 % des Français que l’on peut considérer comme catholiques pratiquants et peut-être donc moins que de musulmans pratiquants. Quelle révolution !
10 février
Que dire de l’Europe en ce lendemain blême de sommet européen ? Ce fut une réunion de « petits » politiciens plus obsédés par leurs échéances politiques nationales que par le destin de cette union dont ils sont les incapables héritiers : l’anglais, pâle copie de Margaret Thatcher, veut des coupes partout où cela est possible ; il est soutenu par les vertueux européens du nord qui pourtant ne seraient rien sans l’Europe et puis par une Allemagne qui a du mal à partager sa prospérité ; sur la défensive, les Français en sont réduits à défendre la vieille PAC tandis que les PECO réclament leur part du gâteau.
Au final, le budget européen baisse un peu et l’essentiel des dépenses va à l’agriculture et aux régions défavorisées. En soi, ceci est naturel, mais ce qui est grave c’est de voir l’incapacité de l’Europe à se mobiliser pour l’avenir : pas de grands travaux ou si peu, énergie et télécommunication sacrifiées, en fait toujours pas d’Europe de la connaissance.
27 petits bonshommes viennent de détricoter un peu plus l’Europe. Au moins David Cameron a-t-il un mérite : celui de mettre un peu plus en évidence les faiblesses institutionnelles d’une Europe dont les pieds d’argile sont craquelés par la sécheresse et l’absence de volonté de ceux qui prétendent la gouverner.
Jour de deuil aujourd’hui en Europe.
11 février
Coup de tonnerre à Rome, au Vatican : Benoît XVI annonce sa démission pour la fin du mois. À 85 ans, le vieux théologien allemand jette l’éponge. Il est le premier pape à agir ainsi depuis le XIIIe siècle. Benoît XVI aura jusqu’au bout été conforme à sa ligne de conduite : celle d’un grand intellectuel, véritable pont entre le temps du Concile, celui de Jean-Paul II et la réalité d’une Église traversée de courants souvent fort opposés.
Critiqué par ses adversaires l’accusant de conservatisme, maladroit avec les médias, affaibli par les « affaires » qui ont éclaboussé le Vatican et lui-même peu intéressé par la gestion des affaires courantes, Benoît XVI aura été pourtant plus que le pape de transition dont l’Église avait besoin après le charismatique Jean-Paul II. Ses trois encycliques sont des enseignements d’une rare profondeur. Dans la dernière « Caritas in Veritate » l’encyclique économique de 2009, publiée en pleine crise, ne propose-t-il pas une véritable sortie par le haut, renvoyant dos à dos le marché et l’état, remettant l’homme au centre de toutes choses par sa capacité à aller vers le don par la charité (caritas qui est aussi amour). Il est paradoxal que ce pape, qui était un peu hors du temps, ait été capable de nous adresser une véritable leçon d’économie, la seule au fond valable pour le temps présent. Merci Benoît.
13 février
Une sourdide affaire de plats cuisinés à base de viande de cheval au lieu de viande de bœuf prend les proportions d’une véritable affaire d’État : il est vrai que pour faire la une de l’actualité, il est facile de jouer de la peur des consommateurs.
À l’origine, il y a donc une simple escroquerie comme on en a connu à maintes reprises dans le négoce des viandes : des étiquettes qui changent en profitant d’un différentiel de prix favorable entre les viandes de bœuf et de cheval, ou plutôt entre des « minerais » destinés à l’industrie alimentaire et là à la fabrication de plats cuisinés surgelés.
Convenons que le circuit est original : viande de cheval roumaine, « traders » néerlandais avec une boîte postale à Chypre, usine au Luxembourg, clients dans toute l’Europe et un acteur français, industriel de la viande de Castelnaudary dont le nom fleure bon le terroir et le rugby, mais dont le propriétaire est une coopérative agricole du Pays basque profond.
Une vulgaire escroquerie, pas de risques sanitaires, mais… une affaire d’État et un véritable risque de déstabilisation d’une filière viande bovine qui n’avait pas franchement besoin de cette affaire. Au-delà, c’est l’éternel débat sur nos modèles de consommation et sur l’industrialisation de notre alimentation. Mais il est bien difficile de revenir en arrière.
15 février
Zéro pointé donc pour la France en 2012. Le recul marqué du dernier trimestre se traduit par le constat de la croissance zéro pour l’ensemble de l’année : un « chiffre » que nous sommes malheureusement nombreux à projeter sur 2013 tant les perspectives nous paraissent sombres.
Il y a certes les problèmes européens, l’absence de véritable plan de relance on tout simplement de gouvernance économique. Mais ayons le courage de regarder la situation en face : le mal est avant tout français et les deux gouvernements qui se sont partagés l’année 2012 en ont autant de responsabilités. Pour Nicolas Sarkozy c’était trop tard et François Hollande a pensé que c’était trop tôt : au lieu de réaliser la grande réforme fiscale (modèle Suède 1991) que tous attendaient, il n’a cessé d’envoyer des signaux négatifs aux riches, aux entrepreneurs, aux contribuables, aux actifs de tout poil, en tenant un illusoire discours de rigueur sans pour autant en imposer les conséquences dans le domaine des dépenses publiques.
Maillon faible de l’Europe, la France prend l’eau à l’image de pans entiers de son industrie. Ce n’était peut-être pas le moment d’avoir une présidence « normale ». Puisse cette croissance zéro enfin nous réveiller !
19 février
Le feuilleton de l’usine Goodyear d’Amiens vient de s’enrichir d’un nouvel épisode presque surréaliste tant la lettre envoyée par le président américain de Titan à Arnaud Montebourg est violente, injuste, mais quelque part aussi fait mal à la France.
L’usine Goodyear d’Amiens Nord a la « chance » d’avoir une des CGT les plus bornées de France à côté de laquelle le Syndicat du Livre ou les dockers de Marseille apparaissent presque éclairés. Ses représentants ont su par contre utiliser toutes les arguties du droit social pour reculer le moment inexorable de la réorganisation de leur usine qui de fait fonctionne au tiers de sa capacité depuis près de cinq ans.
En 2011, l’usine avait failli être reprise par Titan. Titan est une entreprise américaine spécialisée dans les pneus agricoles dont la croissance s’est faite par la reprise d’entreprises à la limite de la faillite. Son président est assez représentatif de l’Amérique profonde » et a même été candidat des républicains sur une ligne « anti-Washington ».
Sollicité à nouveau pour la reprise de l’usine, le président de Titan s’est fendu d’une lettre fustigeant notamment des ouvriers ne travaillant que « deux ou trois heures par jour ». Bien sûr, la lettre est excessive et outrancière et cet américain n’a guère de légitimité pour se livrer à pareille attaque ; bien sûr la CGT d’Amiens Nord est caricaturale dans sa bêtise suicidaire ; mais au fond de nous même cette attaque fait mal tant elle touche aussi des réalités qui plombent la France.
20 février
Avec le remerciement du patron de BHP-Billiton, ce sont tous les présidents exécutifs des cinq plus importants « mineurs » mondiaux qui ont « sauté » en quelques mois. Pourtant, les cours des métaux non ferreux, du charbon et du minerai de fer demeurent élevés et les résultats des compagnies minières ainsi que leurs trésoreries témoignent de leur prospérité.
Mais voilà, les actionnaires en veulent toujours plus et nous assistons à l’affrontement classique entre la logique de l’investissement financier à court terme et celle du cycle de la mine.
Le « temps » de la mine est en effet un temps long. Entre les premières études de faisabilité et le moment où une mine tourne à pleine capacité, il se passe entre quinze et vingt ans tant les obstacles politiques, administratifs, réglementaires peuvent être importants. Les mines qui commencent à produire aujourd’hui sont le fruit de décision de la fin du XXe siècle. Pour gagner sur ce temps long, la solution souvent adoptée est celle de la croissance externe : et ces dernières années, tous – BHP, Rio Tinto, Anglo American, Vale, Xstrata – s’y sont essayés avec plus ou moins de bonheur. À force de payer trop cher, les provisions pour réévaluation d’actifs sont devenues insoutenables et les têtes sont tombées… Un mineur doit être patient !
21 février
Fallait-il supprimer le jour de carence dans la prise en charge des arrêts-maladie que le gouvernement précédent avait imposé aux fonctionnaires dans le souci de les rapprocher du secteur privé. À l’époque, cette mesure avait été fort mal vécue par les intéressés, mais force est de constater qu’elle avait eu un impact réel dans la diminution d’arrêts-maladie courts qui dans certains cas n’étaient que de pure convenance. Dans les deux grands services publics soumis à la plus forte pression en termes de ressources humaines, la santé et l’éducation, l’impact en avait été très positif.
Fallait-il donc revenir en arrière et satisfaire des syndicats qui n’en demandaient pas tant et qui y verront, à juste raison, un aveu de faiblesse ? L’erreur est là manifeste, au-delà de toute polémique partisane. Comment en effet rendre crédible le discours de la rigueur alors que l’on donne l’impression de favoriser une catégorie de « travailleurs » perçus, à tort ou à raison, comme des privilégiés au moins en ce qui concerne la garantie de l’emploi. Voilà une faute qui va bien au-delà de son coût (200 millions d’euros estimés) qui, à l’année des déficits actuels, est presque secondaire.
26 février
Ce matin, l’Italie a la gueule de bois et s’est réveillée à nouveau ingouvernable sans aucun vainqueur, mais avec beaucoup de perdants. Le premier d’entre eux est incontestablement Mario Monti dont la défaite était anticipée en Italie, mais surprend toute l’Europe qui appréciait les capacités à réformer du « Professore ». Cet enthousiasme n’était donc pas partagé par les Italiens et la position de Monti, à mi-chemin entre technocratie et politique, était ambigüe.
Le score réalisé par Berlusconi est lui aussi surprenant tant le personnage semble décrédibilisé ; mais il continue manifestement à fasciner les Italiens. Enfin, il y a Beppe Grillo : un phénomène qui a pris presque le quart de l’électorat sur un message populiste opposé à la classe politique, à l’Europe, à la rigueur… Il a profité d’une sorte de vote « ras le bol » de la part des Italiens qui n’ont guère d’estime pour une classe politique quand même plus corrompue que la moyenne…
Il n’y a donc pas de majorité dans les deux chambres et l’Italie est presque ingouvernable, au hasard d’improbables coalitions. Ce n’est pas une nouveauté et l’Italie a déjà connu pareille impasse. Mais là, nous sommes en Europe et les marchés risquent de faire payer fort cher ces dérives italiennes.
27 février
La mort de Stéphane Hessel fait la une de l’actualité, de manière parfois un peu démesurée pour un homme qui ne fut jamais vraiment au premier plan et dont l’influence demeura limitée sauf dans les toutes dernières années de sa vie avec l’extraordinaire succès de son petit pamphlet « Indignez-vous ! »
Le point d’orgue de la carrière de Stéphane Hessel fut un poste d’ambassadeur à Genève auprès des institutions des Nations Unies à la grande époque des négociations sur le développement et du dialogue Nord/Sud. L’essentiel de sa vision économique en était resté là. Par la suite, il s’était identifié à de nombreux combats aux côtés des sans-papiers, des faucheurs volontaires ou des Palestiniens. Ayant vécu le grand vent de contestation des années soixante-dix, il devait être assez déçu de la morosité du début du XXIe siècle et de la résignation du monde face à la crise et à ses débordements.
« Indignez-vous ! » est tombé au bon moment et a fait de son auteur une icône planétaire (au moins occidentale) mise en avant par la gauche verdissante bien pensante. Malheureusement, l’indignation n’est pas un programme et au-delà des hommages solennels (ne parle-t-on pas déjà du Panthéon), il restera l’itinéraire d’un enfant du siècle, entre l’Allemagne et la France, d’un spectateur engagé du monde, ce qui est déjà beaucoup pour qu’on puisse saluer sa mémoire.